Chuchotements.
Tombent les mots timides de tes lèvres
S’arrêtent un instant
Sur les ailes de l’air ambiant
Qui les reloge comme des poignards
Au fond de ton cœur meurtri
Et prend la fuite
Empruntant la voie de tes soupirs
Laissant tomber des mots lourds
De tes blessures béantes
Que les rossignols viendront extirper
De dessous les feuilles mortes de l’automne
Les élevant vers les sommets des arbres
Pour les chanter en mélodies
Annonciatrices d’une joie
Qu’enfantera dans la douleur,ton silence.
Gémissements.
Tristes litanies que recueilleront les étoiles
Des lèvres des âmes martyrisées
Les élevant au delà des nuages
Pour les réciter en prières sacrées
Que fredonneront des mères désespérées
A l’invocation d’une mort libératrice
Pour des enfants au ventre creux
Et les membres transis de froid
Dans des contrées lointaines
Que l’amour a déserté
Cri.
Le matin appelle tes pas indécis
Essayant de les corriger et te guider
Il prend ta main dans la fraîcheur de sa rosée
Et te souffle d’entre les relents
Montant de la terre mouillée :
"Ami, extirpe cette douleur en toi
Epargne à ton âme cette souffrance
Chuchotements et gémissements
Sont les refuges des faibles
As tu oublié ce cri qui t’a jadis
Libéré des ténèbres de l’utérus ?
CRIE de nouveau !
Tu ramasses alors tes vers et tes rimes
Tu allumes une bougie dans tes ténèbres
De l’âbime du silence monteront tes lèvres
Pour reprendre leur droit à la parole et aux baisers
Tu feras jaillir ce cri
Enfoui en toi depuis la nuit des temps
Annonçant ton refus aux règles imposées
Ton refus aux frontières gravées en cervelle
Et à ton état de clone aux idées larvées
Cette nouvelle naissance tuera l’agneau en toi
Et t’emmènera loin des sentiers cachés
Que tu empruntais loin de la lumière du jour
Tu comprendras enfin que grâce à ce cri
"Chaque homme dans sa nuit s’en va vers sa lumière*".
*Victor Hugo.