le chemin d’étoiles

Fatigué, affaibli, et le moral atteint,

Je grelottais fiévreux, tout prêt de renoncer,

Quand un homme s’assied, près de moi, courroucé.

Je vais vous confier les propos qu’il me tint :

 

« N’imagine pas faire un voyage commun,

Le grand pélerinage est une initiation,

Ta quête mystique vers une rèdemption,

Santiago n’est pas tout, et seul vaut le chemin.

 

Tu viens de surmonter le tout premier palier

De Saint Jean à Burgos, ton chemin fut amer,

Tu connus la douleur, tu vécus un enfer,

Mais de toutes tes peurs tu sus te délier.

 

Franchir la Meseta est l’obstacle suivant.

Tu marcheras longtemps, courant vers l’horizon,

Poursuivant des rêves jusqu’à la déraison

A travers un désert balayé par les vents.

 

Alors tu nettoieras ton esprit de la fange,

Comme tu as purifié ce corps qui a souffert,

Pour être disposé, près de la Croix de Fer,

A recevoir l’esprit de la Vouivre en échange.

 

L’étape en Galice sera maturation

De cet enseignement reçu du « camino »,

Dont tu devras savoir les traits originaux,

Pour débuter enfin ton ultime ascension.

 

Seul devant Saint Jacques, tu verras ton étoile,

Qui pour toi brillera au ciel de cathédrale.

Eclipsant l’or, l’argent, les draperies royales,

Cet astre étincelant luira au « champs d’étoiles ».

 

Je me suis endormi et n’ai jamais revu

Le savant pèlerin qui connaissait si bien

Les secrets du chemin et le dur quotidien

Des marcheurs qu’accablent les pires imprévus.