A : ARHILI EL HASSAN
... Et je demeure malgré le temps et les autres
Toujours à la même place, dans le coin le plus isolé
Regardant un décor vétuste devenu plus mouvant
Dans le cheminement imperceptible des heures
De ma table la foule n’a plus le même attrait
Que celui que j’avais avec les années passées
Au fond de moi - même ma mémoire s’absente
Recule et cherche quelques traits de visages
Des noms, des portraits, des signes particuliers
tout semble prendre le voile froissé d’un linceul
Qui enveloppe étroitement les moindres recoins
Etrange vie que je mène dans ma cité... perdue
D’une amnésie à une autre est mon froid salaire
J’essaie de lever mes bras estropiés vers le ciel
Mes yeux fatigués par des torrents de larmes
Mon corps ankylosé par les années d’hibernation...
Des voix inaccoutumées menacent le grand silence
Rejettent ma damnation et tendent leurs mains
Ils m’accueillent par cette nouvelle présence
Et rendent à ma langue sa facilité et son aisance
De se manifester, de crier et de suivre le courant
Le fleuve est toujours là et qu’importe son débit
Des fois il coule lentement comme une source
Des fois il devient turbulent et change en crue
Je suis tatoué du même fer et vit de la même sève
Ainsi je forge un autre parchemin plus durable
Avec des repères réels et de différents acteurs
Et nous ferons de cette articulation des ponts
Pour passer d’une rive à l’autre, d’une enjambée
Autant de chaînons pour former une vraie chaîne
Devenus nombreux, comme les étoiles du firmament
Nous écrirons l’histoire des relations retrouvées
Après les années de déluge, les années de frayeur
Tu vois ami, je réveille et fais bouger les souvenirs
Ils étaient quelque part dans le fond d’un tiroir
Grâce à toi et aux autres, je ne vis plus à... l’écart
Samedi 8 Septembre 2001
Khénifra / Maroc