Sonnet en Hommage à Orphée … et à Sully Prudhomme.
Toujours se demander de quoi demain est fait,
Et si l’amour sera, et si mon corps cherra
Sur ton âme chérie ; et si le jour saura
Disputer à la nuit la dépouille d’Orphée.
Toujours abandonner les marins à la Mer,
Et ne savoir jamais où le courant les mène,
Blesser le flot qui s’ouvre ainsi qu’un tendre hymen,
Naviguer, naviguer, le cœur toujours à terre.
Laisser douce Eurydice à la rive infernale,
Jamais ne rien promettre et ne jamais pleurer,
Toujours tenir ma main posée sur ta main pâle,
Où tremble mon désir ; et puis, toujours aimer !
Jamais ne t’oublier, même aux heures funèbres
Où mon cœur s’aventure à la berge de l’Hèbre.
2003