Avec ta belle gueule qui rappelait Hemingway
Ta courte barbe blanche, un regard qui charmait
Tu portais encore beau en ces dernières années.
Mais un jour de Juillet, voilà deux ans passés,
Une courte maladie t’a lâchement emporté
Putain de leucémie que rien ne présageait.
Exerçant cent métiers, tu avais bourlingué
Au propre, au figuré, sans jamais abdiquer.
Et comme un gars du Nord, puisque né dans la Somme,
Quand ils franchirent le Rhin tu réagis en homme,
Engagé volontaire, deuxième D.B, Leclerc
Une citation au feu, sergent et Croix de guerre.
Puis tu quittes la France pour vivre en Tunisie
Tu rencontres Ta Jo, la femme de ta vie.
Pour des années plus tard revenir au pays
Poser cette fois ton sac au soleil du Midi.
Seulement ça te reprend, vous voila repartis
Cette fois pour Ibiza, votre petit paradis.
Vous y avez vécu ce que vous recherchiez
Une existence heureuse en toute liberté
Ta Jo dans ses bouquins et toi sur Impala
Baladant les touristes jusqu’à Formentera.
Toi tu aimais la mer et Ta Jo son jardin
Toi la Rose des vents, elle l’odeur des pins
Et puis des romarins, quand une douce brise
Par les beaux soirs d’été soufflait sur Can Feliz.
Des années de bonheur bien trop vite passées
Quand victime d’un cancer Ta Jo s’en est allée
Au petit cimetière perché de San José
Où maintenant tous deux vous reposez en paix.
Je ne t’ai pas connu, pourtant je te tutoie.
Parce qu’en cet endroit tout me parle de toi,
Les photos du passé, les deux boxers, la mer,
Et que j’écris ces lignes sur ton vieux secrétaire
Pour Geneviève, Georges et les petits-enfants
De l’homme que tous ici appellent Senor Gaston.
Nov. 2005