Il fait bon, l’air est doux, l’horizon dégagé
Le soleil se lève et doucement illumine
Le sommet du volcan aux formes ravagées
Par ces sillons profonds où la lave chemine.
Car sous ses façons de vieille dame outragée
Ma montagne conserve son humeur sauvagine.
Je quitte la route par un chemin étroit
Bordé de fougères et de grands balisiers.
C’est le « chemin des dames », qui suit la paroi
Jusqu’aux dents du volcan, tout au bout du sentier.
Au rocher de la vierge un instant je m’assois,
Et grappille des fruits parmi les framboisiers.
L’ananas-montagne à la rouge floraison
Exhibe fièrement sa hampe cramoisie,
Au pied d’une roche, au profil de guenon,
Qui guette impavide les confins de Choisy.
De verts lycopodes en cours de feuillaison,
Tapissent l’écorce d’une souche moisie.
Les lèvres du gouffre sont jaunes et pelées.
Au bord du cratère montent des fumeroles.
En contrebas je vois la savane à mulets,
Les cases de Basse-Terre et leurs toits de tôle.
Puis la Dominique, la Montagne Pelée...
Du toit des Antilles, lentement je m’envole
Dans l’air qui scintille, de mes rêves ailés.