Lorsque mon pied se pose une douleur atroceVoile mes yeux de blanc, comme un grand albatros.Le long de mon mollet un reptile enrouléInstille son poison entre chaque foulée.Un pas puis un autre, mélopée métronomeDe l’homme sous le bât, de la bête de somme ...Le serpent mord encore et sans aucun remordMe transforme d’un coup en triste matamore.Ce monstre que j’ai vu tant de fois terrasserSur le bord du sentier, des hommes harassés,Est l’œuvre d’un démon, son nom est tendinite,Des filles de l’enfer, elle est la favorite.L’animal affamé se nourrit de l’orgueilDes pèlerins qui vont au delà de leurs forcesDans l’espoir insensé d’être mieux vus de l’oeilQui là haut juge un cœur, sans souci de l’écorce.Les accès de douleur fissurent ma cuirasseDe vaine volonté forgée sur le chemin,Alors je me retourne et observe mes traces,Qu’efface le malin d’une fugace main.Je revois les Landes, les forêts dans le sable,L’austère Meseta au décor minéral,Les blanches Pyrénées et leurs cols effroyables,Et les monts de Léon sur la voie sidérale.Devant moi la Galice et ses verts pâturages,L’inaccessible étoile à portée de mes pas...Il me faut mépriser les terribles outrages,D’un démon déguisé, messager du trépas.Demain je reprendrais la voie de Santiago.J’adopterai le train plus lent de l’escargot,Et marcherai jusqu’à ce que douleur me perde,Mais aujourd’hui je crie : « Belzebuth ! je t’emmerde ! ».
-
Péché d’orgueil
...
- Accueil
- Péché d’orgueil
45e jour