Ô ! Muses de la nuit- Ah ! Muses de l’ennui,
Embusquées, mots braqués sur les cœurs solitaires,
Noires Muses du soir, vos lèvres désaltèrent
De l’ambroisie des vers, le naïf qui vous lit.
Vous ondulez du mot, vous offrez nue la rime,
Félines, caressez le ventre des poètes,
Ouvrez grand votre cœur et pleurez sur la couette
Du froid lit conjugal, sombre comme l’abîme.
Vous ne montrez de vous que le string minimum,
Ne relevez jupon que le temps d’un sonnet,
Ne donnez rendez-vous au parnassien benêt
Qu’après délicieuses pudeurs éphémères.
Et quand l’un vient se prendre à votre toile rose,
Englué dans un miel de douceur mortifère,
Vous l’embrochez vivant sur la pointe d’un vers
Si par malheur il est, si par malheur il ose
Respirer le parfum du vent libre du soir.
Ainsi, redevenez la pauvre veuve noire,
Qui attend, qui attend, dans sa toile d’espoir
Une mouche poète à noyer d’un pleur noir.
08-2005