Il suffirait d’un mot pour donner le bonheur
Il réconforterait un enfant qui a peur
Un baiser chuchoté par une douce maman
Calme les angoisses et soigne tendrement.
S’il est un ordre un mot, peut déclencher la foudre
« Allons enfants... » au feu, vous allez en découdre
La blessure ou la mort sont au bout de ce mot.
Aux arbres écorchés on colle des rameaux.
D’un seul mot maladroit jeté avec colère
Les couples désunis, perdent tout leur mystère
Et pour un « non » cruel brusquement apparu
Un grand nombre d’enfants se retrouvent à la rue.
Le « Oui » du mariage était pourtant sincère
Mais le temps a passé sur la vie de misère
Et l’orage des sens détruit bien des amours
La trop jeune passion se perd dans les détours.
L’âge mûr installé, les mots prennent du sens
Certain respect des autres simule la décence
« je vous prie, prenez donc ce siège de rotin »
« Après vous » « Mais de rien » s’adressent aux pantins.
La belle hypocrisie des stars de politique
Qu’ils manient aisément l’art de la dialectique !
Ils nous font avaler leurs gluantes couleuvres.
De mots bien déclamés naissent des basses œuvres.
Et pourtant. Tous ces mots, assemblés, du poète
Entonnent des chansons et déclenchent la fête,
Ils parlent aux sentiments, ils provoquent des larmes.
Les mots sont les fleurons de l’amour et du charme.
Que faire de tous ces mots qui dansent sous mon front
Ils dévient mes idées comme nœuds dans un tronc
Je veux les associer avant qu’ils ne m’échappent
Mais le mot « liberté » déjoue toutes mes trappes.
Sur des pierres glacées qui couvrent les défunts
Les mots du souvenir sont gravés à jamais
Un prénom, une date, rappellent désormais
Que le commencement présage aussi la fin.
17/05/2005