Le serpent se contracte au centre de la cage,
La mangouste apeurée cherche en vain un passage,
Hors de ce cauchemar, loin de ce rêve atroce,
Où l’ont jetée ce soir de grands humains féroces...
Tout va très vite, le serpent attaque et mord
La pauvrette évite, petit toréador...
Dix fois le crotale se détend vivement,
Mais elle détale et l’esquive souplement.
Soudain comme un éclair, serpent touche sa proie.
Ses anneaux l’enserrent, l’étouffent puis la broient.
Cependant la mangouste en un dernier sursaut,
échappe de nouveau à cet ultime assaut.
Alors ses dents pointues se bloquent sur le nez
Du reptile affolé qui se sait condamné,
Et s’affaisse étouffé après un violent spasme,
Dans un gigantesque mais dérisoire orgasme.
Un des geôliers montre aux spectateurs médusés
La dépouille sans vie et les crocs aiguisés.
Dans un coin le vainqueur se lèche exténué,
Avant de s’effondrer par le venin tué.
Une grosse touriste a un vague remord.
« Mon dieu c’est bien triste ! on dirait qu’ils sont morts ... »
Le bonimenteur, très sûr de lui, péremptoire,
Sort un bonimensonge de triste mémoire...
« Le fer de lance et la mangouste n’ont pas d’âme !
Ce ne sont que des animaux, chère madame ! »
Les gens des îles appellent l’endroit un pitt,
N’en dites pas de mal, vos jugements irritent !