Au dessus de Bangui, par ses pluies torrentielles
Un orage violent avait lavé le ciel.
Les flots tumultueux de l’imposant Chari
Roulaient et bouillonnaient avec sauvagerie.
Il avançait serein, marchant à petits pas
C’était un vieux monsieur qu’on appelait papa.
Il saluait les gens, leur parlait en souriant,
Il posa son barda au pied d’un flamboyant.
Sur un petit rocher surplombant la rivière
Il se tenait debout un sac en bandoulière.
Sous le bras il portait, soigneusement plié
Ce filet large et rond que l’on nomme épervier.
D’un geste très ample semblable à un semeur
Il lança son engin dans les flots tapageurs.
Le filet déployé en un cercle parfait
Vola devant les yeux de gamins stupéfaits.
Il resserra d’un coup sa toile d’araignée,
En tirant sur un fil relié à son poignet.
Un poisson prisonnier s’y débattait furieux,
Convulsions brutales et spasmes prodigieux.
Les badauds se groupaient, le vieux avait du mal
A ramener vers lui le terrible animal.
Lorsqu’enfin sur la berge il remonta sa prise
Des clameurs jaillirent et des cris de surprise.
Apparut un géant aux écailles d’argent.
Un gros « capitaine » selon les braves gens
Qui pariaient sur son poids, sa taille formidable,
Et racontaient déjà des récits incroyables.
Le pêcheur s’en alla, comme il était venu,
Toujours à petits pas, rajustant sa tenue.
Devant lui les enfants, exhibaient son trophée,
Qui l’espace d’un matin le faisait triompher.