Sur les ors de l’été l’automne a déposé
Un manteau de velours aux nuances bronzées,
Puis il a dispersé ses cuivres et ses roux
Sur les frondes séchées de la fougère d’août.
J’ai sorti ce matin mon bourdon et mon sac,
Puis j’ai pris le chemin qui mène vers Saint Jacques.
Abandonnant meurtri une défroque mondaine,
Elimée par la vie, alourdie par les peines.
Le cœur empli d’espoir et de rêves d’errance,
Je laisse impavide les faubourgs de Talence,
Les Pyrénées m’attendent puis le sol d’Espagne.
La nature sera mon unique compagne.
Aujourd’hui j’ai vingt ans, je ne suis plus âgé,
Mon pas était pesant, il est enfin léger.
Lorsque je rentrerai, peut être un peu crotté,
J’aimerai conquérir ma place à tes côtés.
Derrière Léognan poussent des pieds de vignes
Au port insignifiant mais au renom insigne.
Ils me montrent leurs fruits d’un beau rouge violet,
Et me disent l’adieu du pays bordelais.