L’écume bruyante des flots de mots, les déferlements d’opéra, les cuivres qui déclament, l’impudeur des cymbales, toutes ces démonstrations indécentes, tout ce tumulte sont insignifiants.
Les confidences en demi-teinte disent bien plus que les déclarations aux tons criards.
Les émotions demandent à être révélées à voix pastel, dans la force de leur pudeur.
Jusqu’à l’amour qui n’a pas besoin de se dévoiler haut en couleurs mais telle la promesse de l’aube.
Cesser de clamer, de déclamer en ne faisant que s’écouter, miroir criant du verbe.
Afin de mieux recevoir les murmures de l’authenticité, dans leur tranquille simplicité.
Afin de laisser place à la poésie d’un regard.
Bâillonner toutes les chimères phraseuses, ne plus vouloir dire à grand tapage ce qui touche l’âme en une mélodie lunaire.
J’aimerais tant savoir.
Etouffer mon propre vacarme pour mieux entendre tes frôlements de soie.
Faire taire les cascades assourdissantes et me laisser porter par le chant discret de ta rivière.
Ecouter le bruissement des roseaux et comprendre l’inaudible.
Suivre tes traces en silence, toi dont les pas légers avancent sans bruit sur les berges du cœur.