Fier de ma personne, j’avais pris pour emblème
Un fauve solitaire, le loup pour mon totem
Mais l’âge et la raison m’ont révélé moins beau
Au singe me confond, je suis un bonobo.
L’animal est comique, à l’homme qu’il ressemble,
Il en a les aspects, les pieds, les mains qui tremblent,
Pareil, il se fourvoie, et de même il fornique
Son défaut de fierté, me semble sympathique.
Evitant les conflits, il présente son dos
A la rage des forts, il donne ce cadeau.
Est-il lâche à nos yeux ? Cette question m’agite
Entre la guerre et paix, il préfère l’invite.
A des copulations, sans aucune pudeur.
Et de cette façon il détourne sa peur.
Ne croyez pas pourtant que c’est un inverti
Les bonobos femelles en sont bien averties.
Les conflits ménagers, de la même façon,
Sont ainsi arrangés. Quelle grande leçon !
Parfois, mélancolique, à deux pas il s’isole
Comme moi dans ma tour, à l’abri des paroles
Un grain misanthrope, le monde parfois lasse
Je ferme mes fenêtres, et j’évite les glaces
Ainsi, au bonobo je voue ma ressemblance
N’est-il pas étonnant ? Avons-nous plus de chance ?
Le loup de ma jeunesse était trop orgueilleux
Vigny m’a bien trompé ! et j’ai ouvert les yeux
Prenons de l’existence une grande bouffée
Comme le bonobo ... avant d’être soufflés.
28/03/2005