J’avais imaginé un paysage sauvageUn décor minéral battu par les ventsUn lieu de violence, d’énergie, de tapage,D’où la force brute jaillit des éléments.J’avais imaginé le son des enclumes,Près des forges d’enfer où le marteau de ThorFrappait la croix de fer, s’égarant dans les brumesJetées sur les sommets par un esprit retord.J’avais imaginé l’odeur du fer fonduEmporté dans les airs par le souffle des cieux,Le parfum de poudre de la pierre fenduePar les éclats de feu de la foudre des dieux.Aujourd’hui je trouve, au sommet de ce montUne simple prairie, un paisible pacageOù des vaches paissent en place des démonsQui devraient être là depuis le moyen-âge.Aujourd’hui je trouve, sur un gros tas de pierresUn poteau surmonté d’une petite croixQue des touristes las mitraillent des portièresD’un bus climatisé les protégeant du froid.Aujourd’hui je trouve, une aire à pique-niqueFort à propos collée contre un vaste parking.La poubelle à l’entrée, en un vilain plastiqueEst réponse adaptée aux lois du marketing.Pourtant la Vouivre sait que la terre et le ciel,S’unissent en ce lieu depuis la nuit des temps,Pour que le pèlerin en quête d’essentiel,Trouve ici la force d’être enfin pénitent.
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Le Cruz del Fero
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38 ème jour