On dit qu’en Saba sont des mines renommées
Où l’on trouve de l’or comme on cueille les blés.
Près du fleuve Niger, au centre de l’Afrique,
J’ai vu le désespoir dans ces puits maléfiques.
Ce sont des trous profonds, des bouches de l’enfer
S’enfonçant dans le sol, auprès de Lucifer.
Le métal est précieux, car il a la valeur,
Des larmes de tous ceux dont il fait le malheur...
L’homme est minuscule, le long de la paroi,
Qu’il gravit à mains nues sur des barreaux de bois.
Sur sa tête est posé un sac rempli de terre,
Il le hisse en chantant... comme dans les galères !
Aux pieds d’un petit chef habile à rudoyer,
La terre sera lavée et l’homme renvoyé,
Au fond de son enfer pour qu’il le creuse encore,
Encore et encore ... jusqu’au bout de l’effort.
Les belles de Niamey, d’Accra ou d’Abidjan,
En boubous colorés aux broderies d’argent,
Ne savent pas le poids de sueur et de sang,
Accroché à leurs cous en trophés indécents.
Est ce la souffrance qui donne le brillant,
La désespérance qui le rend chatoyant ?
Mais peut être faut il, pour que l’or soit magique,
Perdre quelques âmes dans les mines d’Afrique !