Chaque jour devant mon clavier,
Je compose et me prend à rêver.
Je réinvente ma vie,
Je suis Chopin, Vivaldi...
Responsable de touches sans moi mortes,
Caresse des mots qui m’emportent,
Des idées noires,
Un méchant besoin de boire,
M’enivrer et de la sorte,
Oublier que plus rien, ici, ne me transporte.
Je compose des comptines,
Pour mes copines,
Babou, Clo, Saskia, et Delphine,
Aimela, à Genou, Lyrael et Madomi.
Des concertos las en ré, en do, en mi
Ca me distrait de la vie,
Et pardon si j’en oublie...
La vie, pffff !
Seul sur ce banc,
Ecrire en noir et blanc,
Ma vie en parenthèse,
Pour ma doudou, mon antillaise.
Face à ce clavier,
Témoin solidaire de ma dérive,
J’exerce un drôle de métier.
Une vie approximative,
Des rêves en pointillés...
Ouvrez les guillemets :
Me voici corps et âme,
Refermez les guillemets.
Allez à la ligne, Madame,
Je suis dans la marge,
Prêt à prendre le large.
À quoi rime de vouloir être à la page ?
Quel drôle de métier je fais,
Exprimer, enjoliver l’imparfait,
Trouver le bon cadrage,
Mettre en lumière leurs existences fades,
Ajouter des pirouettes à leurs bouffonnades.
Chaque jour, devant mon clavier,
Je compose et me prends à rêver...
D’une jeune femme mystique,
Ce soir elle m’offre sa musique...
.
La rumeur sourd, la rumeur gronde,
Elle lézarde le long des murs, de larges ondes.
Que peuvent espérer, ricanent les braves gens,
Privés d’amour, handicapés des sentiments,
Une fille de petite vertu,
Et un écrivain public perdu ?
.
.
Ne leur dites pas, vous qui savez...
Qu’on se fout bien du métier,
S’il est exercé avec doigté..!