A chaque fois mes mots s’entremêlent
Se suivent, s’entrecroisent, fuient
J’ai essayé de les dompter à ma façon
De les mettre dans un zoo ouvert
J’ai détruit la cage des oiseaux prisonniers
J’ai détourné le fleuve rebelle de sa source
J’ai maquillé les rampes de la passerelle
J’ai rapproché la longueur des deux rives
Donné aux arbres différentes couleurs
Chargé la brise de voyager librement
Mais mes mots restent au-delà de mon pouvoir
Et mes mains se lamentent de leur inertie
Mon regard de voir toujours le même horizon
Mon corps de trimballer le même poids
Du silence de mon silence l’écho meurt
De ma voix l’autre voix se perd dans sa nuit
Derrière l’écran de mes yeux obscurs
Perle une larme unique, inconnue, pitoyable
La larme ruisselle dans l’indifférence de mon âme
Elle s’achemine, creuse de profonds sillons
S’étale de son long, s’explose en mille fragments
Le miroir isolé s’éclate en mille morceaux
Autant de regrets, de reflets épars qui accusent
Autant de pleurs, de soleils timides qui brillent
Qui finissent par brûler mon espace individualisé
Je vis de castration en castration multiforme
Je casse le boulet qui me tient à cette pesanteur
Et permet à mon corps hybride de se mouvoir
Lentement, à petits pas, dans ma geôle solitaire ...
Que dit ma voix à mes mains enchaînées
Que disent mes pieds à mon corps alourdi
Que disent mes yeux aux oiseaux migrateurs
Rien que des mots vides dans le parloir ... des jours
Vendredi 8 Juin 2001