Au détour d’un chemin près d’un morne sans nom,
Dort une caféière tout au fond d’un vallon
Planté de tamarins et de grands bois-canon,
A l’abri des marins et des anciens colons.
L’habitation s’appuie sur une galerie
Posée sur des piliers en fine boiserie.
Les parements brisés du bâtiment de bois,
Bercés par l’alizé sous le soleil flamboient.
Des volutes d’acier provenant de Louisiane,
Retiennent des bardeaux d’acajou de Guyane.
Les lambrequins fanés le long de la toiture,
Pendent nostalgiques tels d’anciennes guipures.
Auprès d’un lumignon quelques tôles rouillées
Battent sur un pignon couvert de bois mouillé,
Près de la véranda courent des herbes folles,
Des alpinia rosés et des buissons créoles.
Derrière les vantaux aux simples jalousies
J’imagine un prêtre et ses jeunes housies
Pratiquant des messes d’origine africaine
Métissées de sagesse aux couleurs haïtiennes.
Enivrée de soleil, de senteurs chargées d’iode,
La maison en sommeil rappelle une période
Où vibrait dans les murs de la kaz antiyé
Le murmure étouffé d’une Afrique oubliée.