Je me suis promené dans les rues de Gorée
Caressant les vieux murs aux couleurs mordorées.
Les pierres chargées d’histoire arboraient les traces
De tourments infinis que jamais rien n’efface.
C’est une île paisible en face de Dakar,
Aux ombres reposantes, un peu à l’écart
Des odeurs fortes et des clameurs de l’Afrique,
Fraîchie par le souffle d’une brise atlantique.
Dans les rues étroites flotte un air de Provence
Où les fleurs foisonnent avec exubérance.
C’est un vieux village d’une époque écoulée
Qui cache un lourd secret derrière ses volets.
Des noirs américains se trouvaient devant moi
Sur le quai, exprimant avec bruit leur émoi.
Ils cherchaient les racines d’un aïeul lointain.
Ils étaient obèses, méprisants et hautains.
J’étais effaré par leurs regards excédés
Vers des gamins rieurs qui voulaient leur brader,
Un collier, un gri-gri, une contrefaçon,
Contre un peu de monnaie ... pour payer un poisson.
Les noirs d’Amérique fuyaient le voisinage
De ces fils d’Afrique, ces jeunes pas très sages.
Peut être avaient ils peur que certain ne confonde
L’homme civilisé et l’enfant du quart monde.
Avaient ils si peu d’âme, si peu de mémoire
Qu’ils ne surent trier l’ivraie de cette histoire ?
J’entendais l’ancêtre là haut près des esprits
Sangloter des larmes de rage et de mépris.
Je me suis promené dans les rues de Gorée
Caressant les vieux murs aux couleurs mordorées....
Des gamins jouent au foot, deux amoureux s’enlacent.
Les tourments infinis, un jour heureux, s’effacent....