Grand-père, s’il te plait, conte moi les goémoniers !
Le vieil homme sourit et son regard pétille
Puis une fois encore il reprend le récit
De ce que fut sa vie quand il était petit.
Hardi les goémoniers, la mer s’est retirée !
Ce que disait mon père toujours premier levé.
Alors jour après jour, marée après marée,
Sabots de bois aux pieds la famille s’en allait
Arracher à l’estran le pain de la journée !
C’était une autre époque, mais il fallait manger
Et chacun s’y mettait sans jamais rechigner,
Les vieux comme les enfants, c’était ça ou crever !
Les hommes et leurs faucilles détachaient du rocher
Des tonnes de varech que les femmes chargeaient
Sur la vieille charrette tirée par Camaret
Un fier cheval breton de la race des postiers.
De la grève à la dune nous poussions pour l’aider
Etalant la récolte pour mieux la faire sécher,
Puis dans des fours de pierre il fallait la brûler
Pour en tirer la soude que l’usine achetait !
Et vois-tu mon enfant, pour te faire une idée,
Pour dix kilos de soude que le père vendait
Nous avions ramassé cinq tonnes de mouillé !
Alors, le soir après la soupe personne ne veillait,
La famille épuisée se couchait et dormait
En rêvant pour certains d’une mer sans marées !
Septembre 2007