Je vais souvent songeur dans les méandres de ces venelles fourbues, envahies d’une brume subtile.La mélopée de mes pas fugaces est décousue. L’ombre est une camarade qui me frôle de ses oripeaux, de son voile bigarré, elle me cache commodément.J’entends les rumeurs du quartier. Fruits pourris, nécrose du quotidien, je vacille à chaque ricanement.Je flaire des miasmes de rage dans cette cité d’exil, où les mortels se terrent pour ne pas percevoir les indigences, les lacunes d’amour, les négligences volontaires d’automates huilés en amnésie joyeuse.Les lampadaires ouatés n’éclairent plus mes regards naïfs dans cette ville qui s’enfonce doucement dans les boues de la nuit. La colère ne sert personne. J’ai marché si longtemps. Mes yeux mouillés sur les vitrines des magasins, aux aguets, près du carrefour désert, se remémorent mes anciennes escapades dans d’exotiques métropoles... Bogota, Bucarest ! Les villes sont toujours trop belles pour les pas d’un mendiant qui n’a plus de destin.Petit à petit, je sors de l’enceinte d’une métropole usée qui m’attache dans ses rubans d’asphalte à la peau grasse et noire. Ils sont vicieux mais rassurants. Ils sont aguichants mais fourbes. Ils sont les lignes tendues de mon errance perpétuelle...
-
Errance...
...
- Accueil
- Errance...
Empreinte...