Eaux de nuit
L’eau d’un regard me croise à l’angle de la pluie,
Sous un jour réverbère,
Passante imperméable.
Eau du cœur, eau du ciel, mensonge de la nuit ?
Sous le fard des paupières,
Visage impénétrable.
Puis son pas ralentit, comme alourdi d’ennui,
Portant le poids d’hier,
Et d’un chagrin probable.
Mon ombre la rattrape à l’orée de la rue,
Dans la vague rumeur
D’un fleuve automobile.
Et je lis dans ses yeux qu’un jour elle y a cru,
Qu’elle osa le bonheur
Dans un rêve nubile ;
Et là, perdit son cœur,
Ornement inutile,
Dans le drap que froissait un tas de chair en rut.
L’englouti de la nuit me ravit son sourire
Sous le pas de la pluie,
Et la flaque éperdue d’un visage se trouble
Quand son passé la double …
Eau de nuit, eau d’ennui !
Qui tombe à l’infini des rues ensorcelées …
Janvier 2008