"Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu. C’est là que l’on se vide, que l’on chasse devant soi tout ce qui n’est pas Dieu et que l’on vide complètement cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu"
(Charles de Foucault)
Désert
Terre de dieu
Octroyée à personne
Ici est le début et la fin
Ici est le haut et le bas
Ici le temps suspend son vol
Son sablier se fige
Et rend humblement grâce
A la majesté de l’endroit
Le désert exprime une exigence
De solitude
De silence
Et de simplicité
Le désert enseigne gratuitement
Patience
Humilité
Et soumission
La caresse du vent incite
A l’extrême écoute de soi
Sous les pieds nus
La brûlure du sable invite
A marcher
A avancer
Vers cette docte ignorance
Dans ce nuage d’inconnaissable
Avancer loin des certitudes
Construites de mains d’homme
Dans le dénuement le plus total
Se vider de tout ce qui est autre
A l’ombre du silence
Comme un arbre en automne
L’âme se met à nu
Laisse tomber comme des feuilles
Les jouissances précaires de ses vanités
Tout ce que sa conscience chérit
Ce à quoi elle s’accroche
Pour cultiver le sentiment d’un égo
Et révèle sa fragilité humaine
Dans l’ébahissement du cœur
Surgit soudain,fulgurante
L’ineffable sensation qui exprime
L’émerveillement de l’homme
Prolongeant celui de dieu
Devant sa création
Lorsque entre lumière et pénombre
La nuit commence à étaler ses cheveux de jais
Et que le ciel ouvre ses multitudes d’yeux
Lorsque le fennec enfile sa peau
De prédateur nocturne
Lorsque le scorpion cherche son gîte
Sous une pierre solitaire
Lorsque le vent d’un souffle
Me dénude de mon orgueil de primate
Et d’un autre
Me couvre de profonde humilité
Je me tourne vers toi
Une larme au coin de l’oeil
De mon cœur apaisé
Vers mes lèvres tremblantes
Monte une douce prière
Qui fond vers l’infini
Je me laisse aller humblement
Avec mes frères grains de sable
Dans leur éternelle prosternation.