Holà ! Messire Jean-Charles ! ne rompez pas si vite,Puisqu’au-delà des siècles vous troublez mon trépas,Souffrez que le Roseau réponde à mon invite :« Pour vous donner réplique, je lui donne mandat. »Vous avez la dent dure pour le frêle roseau,Du moins le croyez-vous en glorifiant le chênePour des utilités post-mortem, à la chaîne..Copeaux , châteaux, bateaux..pour de vieux généraux ?Je n’en disconviens pas, le Grand devient servile,Le Roi de la forêt n’est plus qu’un ustensile :Grandeur et servitudes ? - Hélàs ! quel affreux sort !Il a perdu son droit ..« A l’empire des morts »Non pas que je dispute sur ses utilités,Il en faut.. et après tant d’orgueil, ma foi,Qu’il rende quelques services ce n’est que juste droit,« Les premiers seront les derniers » ... N’est -t-il pas vrai ?Beaucoup plus humble, mon Cher Jean-Charles, est mon roseau,Il ne sert qu’au poète, à l’aède, à l’oiseau,Il n’est que de ce bois dont on vous fait les flûtes,Celle de l’enfant Mozart, de Pan , et du contre-ut..Rien que du superflu , mais combien nécessaire,Pour parler à chacun, dans la joie, dans la peine,J’aime bien mon roseau qui n’a point d’adversaire,Le roi Midas pourtant ? Juste une cantilène !..Monsieur le persifleur, je vous suis obligéDe m’avoir réveillé pour vous dire d’outre-tombe :« Que je suis fort heureux de voir qu’en mon verger,Mes fables, de Vos jours, sont de petites bombes ! »
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De Jean de la Fontaine à Jean-Charles
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Des chênes et des roseaux...