...Elle me semble comme une vision
Dans ses dentelles en filigrane
Derrière son aura de lumière colorée
Agile comme une diaphane libellule
Sur les nénuphars d’un lac ensoleillé
Elle plane au-delà de la vitre
Et une glace qui paraissait somnolente
Déverse son reflet magique
On dirait une image suspendue dans son envol
Et les mille détails inertes
Se réveillent à l’unisson
Et donnent une autre puissance à cette visite... !
Des pas mesurés dans les chants du soir
Elle vient, s’en va, revient...
Aussi légère qu’une feuille de platane
Qui plane dans les bras de la brise
On dirait une belle caresse
Qui laisse derrière son passage
Les mille parfums glanés dans les champs
On ne peut la retenir
Dans la mouvance de sa démarche
Et puis quand elle décide
De rompre l’effet de l’hypnose
Elle s’arrête, s’assied doucement
Et ses mains blanches se détachent de l’ombre
Avec des gestes aussi simples
Ses doigts dansent sur le clavier
Et les lettres enfantent d’autres lettres
Dans le défilement d’une musique nuptiale
Elle s’éloigne dans le sillage des pensées
Stature d’une déesse d’un autre temps
Les rayons du crépuscule prolongent la vue
Viennent orner son corps
Et la noire chevelure
Prend des teintes changeantes
D’or, d’argent, d’émeraude, de rubis...
Un ciel d’été sur les dunes d’un désert
Et son visage devient une très belle toile
Où ses yeux pétillent dans l’espace du silence... !
...Je vois défiler des images dans l’image
Des rêves qui chevauchent d’autres rêves
Des yeux que visite la voix des souvenirs
Des yeux où se profilent d’autres voies...
Et ainsi je me laisse emporter
Par cette éternelle ivresse
Dans l’intimité de son entourage
Elle est loin de toute tempête, tout orage
Elle continue son avancée en solitaire
Les doigts dansent toujours sur le clavier
Et les notes libérées volent dans le soir
La nuit tisse doucement son drap
Plus de chants du crépuscule évanescent
Comme sortie d’une clairière ombragée
La lumière crue inonde ses prunelles
D’un simple geste elle se lève
Pousse un léger soupir
Et de ses pas légers elle regagne la porte
Dans l’encadrement du seuil ouvert
Elle apparaît comme une autre vision
Avant de se retirer de mon horizon... !
Combien de fois, elle est de retour
Dans l’étroitesse de ma demeure
Est-ce une simple apparition...
Ou mon esprit qui joue avec les ombres
Je ne sais plus que dire... !
Je ne sais plus non plus, que faire... !
Elle est libre de se métamorphoser
Comme fée, naïade, ou sirène des profonds océans
Une Aphrodite du règne de Saba
Ou gitane aux cheveux couleur de geai
Ou une basanée de mes terres ancestrales
Ou blonde rencontrée quelque part
Dans le convoi de mes jours anciens
Images d’un autre séjour dans mes rêves
Je ferme les yeux sur la nuit qui m’enveloppe
Et j’enlace dans mes confidentielles étreintes
La saveur d’un corps qui vit dans... l’éphémère