« Buen Camino » fait un noble cavalierEn cédant le passage au simple roturierQui traîne son bagage accablé de fatigueSur un chemin poudreux au milieu des garrigues.« Buen Camino » minaude une jeune fille,Son regard de velours luisant sous la mantilleTel un ciboire ancien dans une crypte obscureQu’éclaire un candélabre accroché sur un mur.« Buen Camino » chante un passereau bavardPerché sur un rameau dans un bois de NavarreGonflant sa gorge rouge auprès d’une fauvetteQui l’ignore moqueuse en faisant la coquette.« Buen Camino » me lance un vieux finaudPoussant de ses doigts gourds le dernier domino,D’une partie jouée contre un autre vieillard,Au sourire moqueur et à l’oeil égrillard.« Buen Camino » murmure une génisse,Tandis que deux chevaux un peu plus loin hennissent,Sous le regard sombre d’un toro andalou,A l’humeur maussade de vieux mari jaloux.« Buen Camino » dit un soldat volubileEn grand uniforme de la Guardia civilIntrépide au volant d’un engin tout terrainSur un sentier perdu, près de Portomarin.Depuis les Pyrénées fusent les « Bon chemin »,Parfois accompagnés d’un geste de la main,Un salut, un bon vent, un amical hommage,A ceux qui le matin continuent le voyage.Je les crois spontanés, autant que folkloriquesCar depuis des années ces terres féeriquesSavent que le chemin est un lieu fabuleuxOù souvent le commun devient miraculeux .
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46e jour