Par les jours et les nuits à croupir dans la cave
Pour échapper au ciel à la menace grave
Qui crachait sa furie et son feu de douleur.
A la voir si menue, légère comme l’air
D’un vent de liberté allégé du supplice,
Elle aurait pu voler vers l’horizon complice...
Elle en avait rêvé dans son chagrin amer.
Toute entière, elle s’offre aux rayons du soleil
Et le bleu du silence efface ses blessures,
Les bombes et les cris, la guerre et ses ratures ;
La vie reprend ses droits et oublie le sommeil.
Le champ est toujours là, fleuri de boutons d’or
Et de coquelicots en jupons de dentelle,
Comme au temps du bonheur, au temps de l’aube belle,
Lorsqu’elle sommait Dieu d’assassiner la mort.
Elle saute de joie, tourne à s’en étourdir ;
Les combats terminés, l’avenir carillonne
Pour cette petite fille au regard qui s’étonne
Et ne sait pas encor que demain fait souffrir.
Elle entre dans le champ cueillir des fleurs d’amour
Un bouquet de douceur à poser sur la terre
Où repose sa mère emportée par la guerre
Quand, soudain, un bruit sourd... puis le silence lourd.