LE HEROS
Sur la terre qui pue le Marine a plongé ;
Les couilles dans la merde Wild Bill crapahute
Car au- dessus des lianes un fruit jaune a bougé.
Avec dans son oreille le hurlement des huttes
Que tantôt les bombes au napalm ont rasées ...
Wild Bill crapahute en jurant et il prie,
Se demande combien de bitures et de putes
Il faudra pour fair’ tair’ torches folles qui crient.
Là bas dans son pays il était paysan,
Amoureux de sa terre et voulait des enfants ;
Ici dans cet enfer, il moissonne les médailles
En fauchant des enfants, des hommes et des femmes
Pour donner des orgasmes à des galonnés froids,
Baudruches à quatre étoiles, bureaucrates, qu’ils aillent
Se faire foutre profond et rôtir dans les flammes
Qu’un Dieu juste entretient pour les grands et les rois.
Wild Bill prêt’ l’oreille et avance le nez ;
Les copains vont venir, et le camion balai …
Il scrute la voûte verte qui menace et qui pèse,
Traque les reflets bleus, cherche les gueules noires,
Voit trop tard le feuillage qui crach’ sa bonne baise.
La rafale le hache, le découpe et l’explose
Et sur le sol pourri, Wild Bill prend la pose
Du héros médaillé que son pays expose
Aux yeux émerveillés des badauds d’Arlington
Et des enfants qu’un si grand courage étonne.
1998 ou 1999
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JOHNNY GOT HIS GUN
Johnny got his gun et partit à la guerre,
En 1917 un beau matin d’hiver ;
Un peu avant Christmas, dit au revoir à sa chair,
He said don’t cry Baby -She said darling, don’t die.
Deep into the dark winter they said good bye -bye.
Johnny est revenu, changé en corned -beef
Par une mine de Prusse enterrée sous les ifs,
En 1918 un beau matin d’hiver,
Un peu avant Christmas, in the black December ;
He thougt he was alive -my sweet love, don’t cry -cry
.
Johnny est de la viande dans une boîte sur un lit,
Légume top secret pour médecins maudits ;
Une infirmière douce a posé des fleurs mauves
Et dans son crâne en feu remontent les nuits fauves ;
He can’t speak, he can’t see, he can’t hear, only love
.
Johnny hurle en silence aux tambours de la nuit.
Il n’a même plus de larmes pour dire ses alarmes.
Seule l’infirmière douce a compris ses effrois,
Qu’une âme se débattait dans l’enfer du camp froid ;
She knows he is alive, she knows he is alone.
When in the night she comes, she knows the hope has gone,
Et elle lui fait l’amour,
Car elle sait : nevermore.
C’est le dernier toujours,
C’est la dernière aurore.
Et ses larmes se mêlent aux vingt ans de Johnny.
Et puis sont revenus les médecins maudits,
Sur l’heure l’ont chassée et d’insultes agonie ;
Et Johnny reste seul qui cherche son amie -
Johnny hurle en silence aux tambours de la nuit.
SOS, Mayday ...
Je voulais juste aimer ...
In the black December ...
In the dark of winter.
Août 2002
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L’âme doit courir comme une eau limpide ; l’âme doit courir, aimer et mourir (Marceline Desbordes-Valmore)
Théo