Sais-tu que tu m’as tué ? J’étais tendre et j’aimais
Le sucre de ta bouche, le nacre de ta cuisse ;
Aujourd’hui encore, il n’est rien qui ne puisse
Emousser le fer blanc du feu de tes baisers.
Et mon corps enchâssé dans un corps enlacé
Jette ses derniers feux dans l’amour qui le fuit,
Celui qu’un homme pleure au milieu de la nuit
Dont la pudeur épargne, aux larmes, leur reflet.
Sais-tu que tu m’as tué ? Sais-tu que je t’aimais ?
Ainsi sois-tu, Silence ! Repose en paix, Amour !
Solitude vêtue de languissants atours,
Tu seras mon épouse au ban du temps passé !
Sais-tu que tu m’as tué ? Sais-tu que je t’aimais ?
Sais-tu que nos enfants sont morts sans être nés ?
Je pose sur ton âme un tout dernier baiser,
Au parfum de regret, qu’ont les roses passées.
Et la nuit qui me sait te renvoie d’où tu viens,
Aux limbes éternelles où pas un cœur ne bat,
Par les chemins glacés, par les chemins de croix,
Que tes pas ont choisis, pour mourir loin des miens.
Février/Avril 2005
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