Comme on me croit très sombre on me dit bien souvent :
"Faites l’amour, Mam’zelle, et soyez moins amère !"
Moi, je veux bien l’amour, mais dites, comment faire
Quand on n’a pour cela qu’un cœur indifférent ?
"On regarde partout les bonshommes fervents
Et leurs dames bouillant des mêmes feux sincères.
Et puis on fait pareil ; c’est une mince affaire ;
Courez sans plus tarder quérir vos soupirants !"
Moi, je veux bien courir, courir à perdre haleine
Je ne trouve à cueillir que le vent de la plaine,
Mais je veux bien courir ; c’en est même grisant,
D’autant que, quand je cours, je ris de voir leurs airs,
Oeillade, chattemite, et mensonge amusant,
Et j’oublie, en riant, que je cours à l’envers.