Ô les mots du matin, quand le lilas s’étire,
Ah ! Les mots de ta main sur mon ventre en écho,
Oh, les mots de la fin, quand la mer se retire,
Que ne reste au sable que l’empreinte des peaux ...
Les mots sont des soldats qui vaillamment s’élancent
Pour franchir les tranchées qui séparent les cœurs,
Puis tombent au combat, victimes du silence,
Soldats interrompus fauchés par la douleur.
Traîtres à leur mission, les mots parfois désertent,
Ecrasés par la honte, ils fuient en lettres blêmes ;
Sur une page blanche, les mots pleurent la perte
De leur plus grand héros, l’infini-mot « je t’aime » …
Ils revivent parfois par le charme d’un soir,
Où, cachés pudiques sous un doux velours noir,
Echappant à ma main, ils se mettent en rang,
Et crient, violant ma bouche, que je suis ton amant !
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