J’ouvris le livre de ta peau et commençai ma lecture.
Au loin le souffle des bateaux … J’allais penché sur ton haleine,
Et nous voguions au fil des mots du livre écrit par ceux qui s’aiment.
Par un nuage accompagnée, la Lune quêtait l’aventure.
Au cœur de tes lèvres, perdu, dont l’ourlet fut mon destin,
Je me réfugiai dans l’asile de l’abandon d’entre tes mains.
Et tu mourus à l’inquiétude de savoir ce qu’est demain
Lorsque ma bouche emplie de toi fit de ton corps l’objet du mien.
Le vent du sud faisait trembler la flamme des langues mêlées,
S’engouffrant par la fenêtre, toutes bougies affolées,
Et tes cheveux évanouis sur la chaleur de mon épaule
Faisaient au flanc de mon corps nu comme le reste d’une étole.
Jamais depuis, quand un bateau retourne au port de mes années,
Toujours la pluie battant, de ma mémoire les volets,
Ne s’est éteinte la chaleur que tu portas dans ma poitrine
Ce soir de feu où nous ouvrîmes le livre qu’on ne termine
Jamais.