Elle est toujours là, elle m’attend
Enveloppée dans son grand châle
Son beau visage est toujours pâle
Mais son doux sourire est constant.
Elle est toujours là, elle m’attend
Rabougrie dans son vieux fauteuil
Son petit chien guette d’un œil
La main câline qui se tend.
Elle est toujours là, elle m’attend
J’ai cinq minutes de retard
Aucun reproche dans son regard
Juste un léger frémissement.
Elle est toujours là, elle m’attend
Chaque semaine nous parlons
De tout, de rien. C’est le violon
Des jours qui fait passer le temps.
Elle est toujours là, elle m’attend
Je vois son visage qui se fane
Peu à peu la vie la condamne
Mais elle me sourit pourtant.
Elle est toujours là, elle m’attend
Elle sait aussi l’inéluctable
Pour elle je suis indispensable
Elle jouit encore de cet instant.
Elle est toujours là, elle m’attend
Nous prendrons bien un petit verre
Chaque fois un peu plus amer
Et l’heure passe doucement.
Elle est toujours là, elle m’attend
Chaque départ devient plus dur
Son doux sourire encore plus pur
Nous nous quittons plus tendrement.
Elle est toujours là, elle m’attend
Un jour prochain, si tôt, si vite
De cette chambre où elle habite
Elle partira furtivement.
Elle ne sera plus là, ma maman.
Mai 2005