1 - Dans ma valise
Tels une fresque de vie aux teints de jouvence,
Les paysages s’arrondissent ou s’étirent,
Le soleil bégaie encor sa fluorescence
Et de ses rayons d’or caresse mes soupirs.
Le printemps est ici et il peint sur sa toile
En touches délicates son bonheur d’aimer,
Ce bonheur issu des rêves et des étoiles,
Eternel ailleurs si souvent imaginé.
Les âmes ne connaissent aucune frontière
Et dans leur miroir les cœurs trouvent l’infini ;
Les yeux dans les yeux, la peau sur les mots d’hier
Et l’émotion voyage au centre de la vie.
Les larmes des vagues soulevées par le vent
Cognent contre les parois de mes souvenirs
Puis s’abandonnent sur les rivages tentants
Avant que la peur ne revienne m’engloutir.
Dans ma valise, au milieu des émotions,
Des souvenirs, des regrets, des espoirs aussi
J’ai mis des mots d’affection et de compassion
Un méli-mélo étrange de bouts de vie.
2 - La voie du temps
Combien sommes-nous, à cet instant, sur un quai
Cherchant la flamme, parmi l’ombre des regards,
Cet éclat d’amour que la lune nous enviait
Quand, la nuit, nous vivions notre amour comme un art ?
Sur les voies roule, incertain, le convoi du Temps,
Ce Temps béni ou maudit, selon la saison,
Les illusions perdues sur la route des ans
Et tes cris, pour que ne s’égare ma passion.
Un caprice du temps effacera les pas
Ou un tapis de fleurs recouvrira la suie,
Une histoire s’achèvera ou commencera :
A l’autre bout du rail, le soleil ou la pluie.
A l’autre bout du rêve il y a Toi et Moi
Tenant notre cœur et nos espoirs dans les mains,
L’amitié et l’amour sur nos chemins de croix
Que nous posons au creux de celles du destin.
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3 - Au bout de l’horloge
L’ancienne horloge, perchée en haut de la tour,
Tourne l’attente. Chacune de ses avancées
Est un pas qui me rapproche de toi, Amour ;
Ecoute ce cœur pressé de te rencontrer !
Le hasard, curieux, patiente au bord de nos yeux
Le regard plongé dans l’âme et ses profondeurs
Epiant l’envol de nos flammes vers les cieux
Ou coulant, comme le Titanic en son heure.
Le téléphone résonne son impatience
Et le Temps son apesanteur dans l’ascenseur.
Le printemps, arrivé avec deux jours d’avance,
A collé son mercure à la vitre en sueur
Guettant l’heure où les mots se perdront dans nos yeux,
Où nos doigts traceront le pays de nos lèvres
En suivant l’onde de nos désirs amoureux
Qui voyagent dans nos corps bouillonnant de fièvre.
A l’autre bout du jour il y a Toi et Moi
Tenant entre nos mains nos rêves de demain,
Ton amour et le mien sous un ciel qui flamboie
Liant leur foi sur le boulevard Saint-Germain.
Alors que le soleil décline doucement
Pour éteindre son feu dans le lit de la Seine,
Sur les quais les amants échangent leurs serments
Jetant à l’eau, pour qu’elles s’y noient, toutes leurs peines.
La pleine lune languit que vienne son tour
De nous recouvrir de son aura de douceur
Et d’allumer la Tour et tous les alentours
Tandis que nos yeux brillent déjà de bonheur.
4 - Sur le quai, mon cœur
La ville s’étire, Paris s’éveille à la vie
Et le jour déroule ses lumières pionnières
Sur les draps chiffonnés de la nuit alanguie ;
Un jour nouveau efface les traces d’hier
Tandis qu’une voix hurle dans les haut-parleurs
Que le train du retour vient m’ôter à l’amour ;
Sur le banc des douleurs je dépose mon cœur :
Prends-le quand, toi aussi, tu feras demi-tour,
Quand à ton point de départ tu retourneras
Le cœur un peu plus lourd, le pas un peu plus lent
Pensant à nos yeux, à nos mains laissés là-bas,
A nos bouches qui recueillaient nos mots manquants.
Du soleil de printemps, je ne suis plus que l’ombre
Que le train écrase sans remords ni regrets
Sur les rails de la vie retrouvant le sombre,
Le jour et la nuit en ondes peinées.
Avec dans les yeux une flamme nouvelle,
Je reprends le Temps là où je l’avais laissé
En poursuivant le rêve du rêve éternel,
Rêve devenu vivant quand tu m’as aimée.