Il n’est plus grand bonheur que l’éveil d’une rose
Sous le tendre regard d’un matin lumineux,
Matin de beau printemps vêtu d’or et de bleu,
Tel un père attendri, une larme dépose.
Au secret de son âme, sous son jupon de charme,
Se cache un diamant, un bijou précieux,
Et se met à rêver, ivre de merveilleux,
Le poète amoureux de l’amour qui désarme.
Sur l’ourlet chiffonné par un trop long sommeil,
La caresse de l’aube, de ses doigts gracieux,
Brode son velours de sanglots radieux
Et forme un collier à l’éclat sans pareil.
Quand l’été se prélasse au cœur de sa douceur,
Il offre à ses pétales de beaux reflets soyeux,
Emancipe dans l’air ses parfums vaporeux
Et laisse au promeneur sa suave splendeur.
Torride et assassine, l’étincelle du ciel,
Flamme de passion aux feux impétueux,
Brûle l’infortunée en piqués douloureux
Lui ôtant la beauté et l’espoir éternel
Puis, s’en vient l’automne aux tons incendiaires,
La rose se dénude sous un voile brumeux
Sa tristesse est en pleurs en ce jour pluvieux :
Son dernier pétale s’abandonne à l’hiver.