Et c’est sous ces morceaux de glace
Que se soucie mon esprit bien las
De respirer cet air froid de l’hiver
et d’être effrayé par leurs serres.
Le froid s’agrippe à ma chair,
Me lacère et m’exaspère,
Me griffe avec les souvenirs d’hier,
Me carabine de plomb dans le cœur.
Cette peur m’écœure et effleure
La mort qui frappe à ma fenêtre.
Les collines de ce paysage sont plates
Un ruisseau coule de mon oeil écarlate,
Se faufile entre les fils de mon drap gelé.
Son image me revient en rêves figés.
Et c’est sous ces cristaux de glace
Que mon âme, las de solitude,
Se lamente de cet immense espace,
De cette incompréhensible habitude.
Et le ruisseau ruisselle en vain
Dans ce monde vide de douceur
Il ruisselle sous le givre de ses seins :
Celle qui a bu tout mon sang
La vampiresse de mon passé.