Trouve un cerf à genoux dont la vie s’exténue
Car sa biche est partie, laissant la forêt nue.
Une brume ténue comme une douleur stagne
Sur les eaux et les cœurs, c’est ton nom sur mes lèvres ;
Ton visage ô douceur, la folie de ma fièvre.
A l’entour du grand fleuve iront femmes en pagne
Et le printemps me gagne en mon corps déserté,
Quand saigne ma blessure où ton glaive a porté.
Brûlure du soleil qui n’éclaire qu’une ombre ;
Qui dessine en rayons de ma vie tout le sombre ;
Et décime l’amour ; qui sépare du monde.
A l’entour du grand fleuve iront femmes en pagne
Pour chercher le rameur dont elles seront compagnes,
Pour pêcher leur amour parmi les crocodiles.
Et ferré d’un regard, ainsi naîtra l’idylle ;
A l’hameçon d’un sein de galbe élyséen,
Et froid tout aussi bien, écherra un destin.
Le cerf réfléchit l’aube au fier de sa ramure
Et l’espoir de la biche et que la vie perdure,
Eclate en un brame qui ébranle l’éther.
A l’entour du grand fleuve, il n’y a pas de cerf,
Ni de femme en pagne pour m’être une compagne,
Juste un lambeau de rêve au flanc de la montagne.
Ainsi l’aube nous trouve accroupis dans nos rêves
Assombris de la nuit qui retombe sans trêve
Et criant le désert qui dépeuple le monde.
Car l’on est singulier, simple partie du nombre,
Un nom sur une porte en une impasse sombre.
On y attend passer les jumelles douleurs
De naître et de mourir, d’aimer et de souffrir.
2004 / mars 2006
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