...Je signe à la marge d’une envolée
D’une écriture en pointe d’aiguille
Le trajet d’une autre vision
La ligne de l’horizon me sert
Comme repère et ligne de mire
Et l’accentuation de mes lettres effilées
Ont des formes confondues
Des monts abrupts en dents de scie
Et des falaises qui tombent à pic
Dans l’arrière plan de mes avancées... !
Chaque mouvement d’ailes
Est un aviron sur la feuille
Et le tout me plonge dans l’effusion
Mes mots aux visages révoltés
Bifurquent souvent du détroit de mes rêves
Je recherche dans l’amas hétéroclite
Dans la traversée du désert des décors
Un cadre suprême pour la chevauchée
Et je me laisse griser par le galop
Dans les vastes plaines de mes vues
Je découvre des teintes ocrées
Qui ressemblent aux murs de ma cité
Et je vis sous l’emprise d’une nostalgie
Qui éveille un certain testament millénaire
De ma race perdue dans la terre ancestrale... !
Je renoue avec les esprits décédés
De la poussière aspergée de mes membres
De la pensée confuse d’un ermite
Qui laisse l’écho à l’écho du temps
Mes yeux peuvent être à l’image
D’une membrane héritée depuis lors
Dans le coffret d’une mémoire conservée... !
Mon écriture vit de gerçure
Sous les mains frileuses des hivers
Ou sous l’étuve des nuits caniculaires
Elle se fait passerelle de réconciliation
Et des travers des vétustes ponts
Qui reliaient les rives longtemps séparées
Je suis une autre trajectoire mobile
Mise sur une orbite en exhibition
Ou une folle étoile filante
Qui charme de ses délires la galaxie
Tout se perd dans une sorte de confusion
Et mes mots enlacés jusqu’à la rupture
Et cette longue étreinte d’un certain amour
Qui ne donne plus signe de vie
Quand la courbe prolonge la courbe de la main
Et que le feu attisé s’éteint dans le silence
Ou quand le lac pleure son isolement
Avant d’être secoué par les odeurs de l’aube
Et de dialoguer avec ses berges fleuries... !
Et doucement mon ivresse s’envole
Comme une goutte de rosée évaporée
Je reprends le chevalet de mes nuits d’éveil
Décroche la toile à peine esquissée
Regagne mon coin préféré
A l’orée d’un bosquet où s’exhalent mille parfums
Et je laisse le verbe prendre la fuite
En attendant qu’il me revienne avec force
Pour reprendre d’autres voyages... inachevés
Samedi 16 Avril 2005
Khénifra / Maroc