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Saskia

Atelier d’Ecriture 21 juillet 2006
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Du sang qui coule dans nos veines. Le vent sur notre visage. La pluie sur les carreaux, un dimanche soir. L’odeur du pain chaud, le rire d’un enfant, la confiance de quelqu’un qu’on ne connaît que peu.
Pouvoir courir jusqu’à en perdre haleine. Pouvoir nager des heures, sentir l’eau courir le long du corps. Pouvoir passer du temps dans la cuisine, fabriquer du bonheur à travers de la farine et des œufs. Pouvoir se battre pour ce qu’on croit. Pouvoir soutenir ses amis.

Tant de choses à dire, à faire, à voir ; tant de choses vécues et à vivre...

La vie est une chance, et on me l’enlève.

J’ai tellement peur d’écrire. Tellement peur. Écrire, c’est donner vie. Donner réalité, accepter. Admettre. Je n’ai jamais voulu accepter. Je n’ai jamais voulu admettre. Mais aujourd’hui, je sais que je n’ai plus aucune chance. Malgré cette certitude qui s’impose à moi de plus en plus, je me suis toujours refusée à écrire. Dire, c’est facile. Une parole, c’est volatile, ça ne reste pas. C’est là, puis ça ne l’est plus. Comme une fumée. Une parole, c’est comme une plume. Ça vole dans le vent, ça n’a pas de poids, pas de... consistance. Écrire, c’est donner une réalité concrète à quelque chose qu’on ne veut pas voir exister. C’est rendre solide une évanescence. C’est accepter que ce n’est pas un mauvais rêve.

Mais je dois m’y résoudre. J’ai besoin de m’exorciser. D’accepter. De parler de l’interdit. D’admettre l’inadmissible.


Comment décrire ce qui me ronge ? C’est comme un mal pernicieux, comme une moisissure qui vous dévore de l’intérieur. On en meurt comme une bougie sous une cloche de verre. La vie brûle d’abord d’un feu ardent, nourri, puis peu à peu, l’air se raréfie, la flamme vacille, l’énergie s’enfuit... On finit comme une braise rougeoyante qui s’étouffe, peu à peu, qui agonise, qui n’a plus de voix pour hurler son désespoir et son impuissance.

Ma cloche de verre à moi, elle m’a coupée de ceux que j’aimais, elle m’a offert la douleur de voir l’espoir disparaître des regards, elle m’a forcée à regarder en face ce que je ne voulais pas voir. Je l’ai sentie m’étouffer, malgré tous les efforts de mes proches pour la soulever. Ma cloche de verre à moi était à double paroi ; s’ils ont pu briser la première, nul médicament n’érafla la deuxième.

La vie est un défi, je ne peux plus lui faire face.
La vie est un combat, je n’ai plus de forces.

Pourquoi ai-je voulu ces quelques mois, ce sursis pitoyable ? Je me suis imposée une mort lente, une mort douce, la mort la plus douce, la mort trop douce. Cet ultime réflexe de survie, ce dernier bastion qui me semblait autrefois si salutaire se révéla finalement une prison de verre pour la bougie que j’étais alors. Je me suis interdit la délivrance. Je me suis interdit l’espoir.

Maintenant, mon sursis s’est écoulé. Je ne suis plus qu’une braise mourante et la paroi est plus épaisse que jamais.

J’ai joué, j’ai perdu.

Je viens de voir mes petits enfants. Eux ne connaissent pas le verre. Eux ne savent pas la douleur d’étouffer. Eux sont pleins de vie. Et pourtant, même eux n’ont plus d’espoir. Comment pourrais-je moi-même en avoir ?

Jo, 10/05/2002


Jo, 70 ans, tombe dans le coma le 11 mai. On découvre près d’elle des tablettes vides de médicaments anti-douleur. Elle meurt le 14 mai.

Elle subissait une chimiothérapie depuis 8 mois afin de tenter de soigner un cancer du colon ainsi qu’une métastase au foie.

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