Comme il l’aimait !
Le courant fait se briser quelques vagues modelées par le vent sur les rochers en contrebas et laissent une trace blanchâtre que la lune reflète, écho de son regard. La couleur du ciel lui rappelle leurs nuits et le désir l’envahit.
Il avait tant voulu cet amour, tout était si parfait. Il y avait cru et s’était plongé corps et âme, sans retenue, sans se défendre, prisonnier volontaire. Il se sentait si fort qu’il aurait pu abattre des montagnes, tellement fort qu’il pensait qu’elle oublierait de s’en aller.
Mais un jour, il la vit regarder vers la mer alors que quelques larmes glissaient le long de ses joues, délicatement, sans colère, sans cri. Il se tut mais commença à redouter l’aube qui se levait dans ses yeux de plus en plus pâles. Une ombre voilait son sourire quand sa main venait mourir dans la sienne, oiseau captif, elle s’éteignait, se fanait derrière les barreaux fragiles de son trop grand amour.
Alors un jour, il ouvrit la porte, l’embrassa une ultime fois et elle prit son envol. Un dernier signe de la main, dernier espoir, dernier adieu, son corps tout entier lui hurlait de la retenir mais il n’en fit rien. Et bientôt, elle ne fut plus qu’un point sur l’horizon de sa peine.
La fraîcheur de l’eau le fait frissonner… comme il l’aimait ! Son souvenir lui fait si mal : cette douleur qui lui brûle les yeux, ces bras inutiles qui ne savent plus aimer, ce cœur qui ne connaît plus que la douleur. Il soupire, il se sent si las ce soir, alors tout doucement il se laisse glisser vers les ondes froides dont le murmure l’appelle inexorablement. Il la rejoint, serein et paisible.