La Plume et l’encrier

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Le pardon.

dimanche 28 janvier 2007

Par Delphine Certaines personnes affirment que pardonner est l’un des plus beaux gestes d’amour que l’on puisse offrir à quelqu’un. Je suis d’accord sur le fond mais peut-on l’être dans la pratique ?

N’y a t’il pas un moment ou pardonner devient un acte de faiblesse voire même de stupidité. Certains ne prennent pas de gant avec vous : vous accusent injustement, vous malmènent, nous mentent, ne tiennent compte de vos sentiments que lorsque ça les arrange en se disant que ce n’est pas grave car même si vous vous rebellez, vous êtes quelqu’un de gentil et que vous leur pardonnerez, qu’il ne suffira que d’un simple « je suis désolé, je ne voulais pas te blesser » ou d’un simple « pardonne-moi, je te fais plein de bisous » (attitude soit dit en passant révélant une puérilité des plus ridicules) et tout redeviendra comme avant.
Mais tout redevient-il vraiment comme avant ? Qui est capable du pardon absolu, celui qui efface tout, qui ne garde aucune trace ? Personnellement, je reconnais en être incapable. Alors quel crédit accorder à mon pardon ? Suis-je particulièrement dure avec les autres ou trop objective pour être capable de véritablement pardonner ?
J’avoue que je ne me sens plus apte à la moindre concession, je sors mes griffes.
Et à ceux que deux ou trois paroles flatteuses font oublier que l’on vient de leur cracher à la figure ne suscitent chez moi aucune admiration face à leur grandeur d’âme mais plutôt une immense pitié face à leur peu d’amour propre, car il ne s’agit plus ici d’amour de l’autre mais tout simplement de niaiserie.

Messages

  • Sans doute que je suis d’accord sur le fond avec toi, Delphine. Cependant, pour moi, le pardon c’est plus autre chose, c’est pas tant un choix qu’on a à faire ; quand quelqu’un nous fait une vacherie, vient nous demander pardon, même s’il ne le pense pas, si on lui en veut vraiment, on aura beau vouloir pardonner de toute nos forces, on ne pourra pas s’empecher, chaque fois qu’il est la, d’y repenser, de glisser une allusion par ci par la, n’importe quoi pour lui faire ressentir une toute petite parcelle de ce mal être qu’il a instillé en nous.

    Il est d’autres personnes qui ne savent pas faire autrement que de pardonner, qui sont incapable d’en vouloir aux gens ; peut être est ce la un manque d’amour propre, ou une énorme niaiserie. Cependant, je dois bien t’avouer que je pense faire partie (enfin pas exactement mais j’expliquerais après) de ces gens, et je ne saurais dire si c’est l’un ou c’est l’autre ; le fait est que ce n’est même pas un choix, je pourrais autant faire semblant de leur en vouloir que ce ne serait pas vrai.

    Maintenant, mettons nous d’accord sur ce qu’est le pardon ; faire tout redevenir comme avant, ou bien retrouver un semblant de relation avec la personne ? Je veux dire... on peut pardonner sans oublier. On peut ne pas en vouloir à la personne, mais ca n’empeche pas de tirer des lecons. Ne plus accorder sa confiance... Ne plus accorder sa confiance n’empeche pas une relation amicale avec la personne ayant trahi.

    Je ne sais pas si je suis très claire, mais voila, Delphine, ce que je veux dire, c’est que souvent, pour moi, pardonner ca n’est pas un choix.

    Et pour répondre a ta question... Non, tout ne redeviendra jamais comme avant. Ca pourra etre pire, ca pourra etre mieux ; mais ca ne sera jamais comme avant, jamais.

    • Je suis d’accord avec toi sur le fait que lorsque l’on ne peut pas pardonner, on ne pourra s’empêcher de mordre de temps en temps, histoire de montrer à l’autre que nous n’avons rien oublié. Mais alors dans ce cas, quelle est la teneur des sentiments qui vont nous lier à l’autre ? Ils ne seront plus basé que sur une courtoisie politique ou sur l’hypocrise, je suis trop entière pour ce genre de compromis, je ne me sens pas prête.

      Tu ne me sembles pas manquer d’amour propre et tu n’es pas niaise non plus ! lol
      Alors, je pense que cette faculté que tu as à pardonner naturellement vient peut-être de plus loin, d’un besoin d’aimer ou d’une certaine fraîcheur d’âme tout simplement.

      C’est vrai que plus rien ne sera comme avant, et c’est peut-être ce qui est le plus douloureux.

      Merci Saskia d’avoir pris le temps de me lire et de me répondre.

  • D’autant que le pardon est un acte d’échange, enfin selon moi... Il ne peut y avoir de pardon sans acte de réconciliation, sans nouvelle relation à construire. Alors, peut-être, le pardon sera-t’il possible, si chacun fait un pas ves l’autre. Mais, on ne décrète pas le pardon, il se gagne, et il est possible dans ce cas.
    Je suis d’accord avec le fait que le pardon accordé sans contrepartie, pour éviter les conflits est une faiblesse.

    • Je suis d’accord avec toi Jacques "on ne décrète pas le pardon, il se gagne". On peut pardonner une fois lorsque l’on se dit que l’autre ne l’a pas fait exprès mais lorsqu’il réitère, là il n’y a plus d’excuse possible. Blesser quelqu’un peut arriver accidentellement, par contre lorsque l’on recommence c’est que c’est fait en toute conscience donc intentionnellement ou alors c’est de la bêtise pure et simple.
      Heureuse de voir que je ne suis pas la seule à penser cela, car depuis quelques temps, j’ai l’impression qu’on essaye de me présenter les choses de façon à me faire comprendre que ma réaction n’est pas normale !
      Merci Jacques.

  • Pardon ? Pas question.

    Une "bourde", c’est à dire une parole malheureuse ou un acte fait de façon étourdie, sans avoir conscience de pouvoir causer du tort, alors là c’est différent. Des "conneries" on en fait tous et on en est très malheureux quand on en prend conscience. Alors là, un "excuse-moi", ou un "pardon" bredouillé larmes dans les yeux peut même quelquefois renforcer des sentiments quels qu’ils soient.

    Quand le mal a été fait de façon délibérée dans le seul but de blesser et détruire l’autre... Il n’y a pas de pardon possible.

    Mais, néanmoins la rancunière de niveau 1 que je suis, doit admettre que sans accorder son pardon, on peut tenter un compromis, un "je fais semblant de rien pour ne pas pourrir la vie des autres", éviter les disputes, les bouderies pénibles, en acceptant une cohabitation d’apparence sereine pour la PAIX.
    Mais, terminé la confiance, la connivence, la complicité, l’apitoiement, l’intérêt pour l’autre tout simplement.

    Je vis ma vie, tu vis la tienne et Basta !

    Je ne suis pas capable de souhaiter du mal, même à mon pire ennemi, mais j’avoue manquer de compassion si par malheur, il lui arrive quelque chose. Ce qui lui arrive n’est pas de ma faute. Je ne m’en réjouis pas. Ca ne m’atteint pas tout simplement.

    C’est terrible Delphine, en me relisant j’en viens à me demander si je ne suis pas montrueuse !!!!

    • Oh non Clo, tu n’es pas monstrueuse ou alors nous le sommes toutes les deux car je réagis exactement comme ça !

      C’est vrai que lorsque le repentir est sincère, lorsque l’on se rend compte que celui qui nous a fait mal le regrette sincèrement, comment ne pas lui pardonner !
      En revanche, lorsqu’on a l’impression que l’autre nous blesse en sachant bien ce qu’il fait et en comptant sur l’amour qu’on lui porte pour lui pardonner, là ça devient inadmissible.

      L’amitié est un acte de confiance mutuelle et si cette confiance n’existe plus, il ne peut plus y avoir d’amitié, donc les compromis ne me semblent même pas d’actualité.

      Ce que tu dis à propos de ne pas te sentir affectée par ce qui peut arriver à quelqu’un que tu considères comme un ennemi me rappelle une conversation que j’ai eu avec BB il y a peu de temps, où je lui disais en parlant d’une personne qui était décédée que je n’avais jamais souhaité sa mort mais que je ne ressentais pas la moindre compassion en l’apprenant. Il m’affirmait qu’il fallait dépasser cela et oublier. Je ne vois pas en quoi sa mort devrait l’absoudre de tout ce qu’elle a été.

      Merci Clo de la part d’une autre rancunière de niveau 1 qui se sent un peu moins seule maintenant de se sentir comprise !

  • Le pardon ... un sujet assez délicat et tellement personnel : je pense que dans ce domaine chacun a ses propres "limites" de tolérance et d’acceptation ! C’est vrai que pour certains, la "barre" peut-être trés haute et même dépasser l’entendement : il s’agit probablement d’êtres d’exception ... dont je ne fais pas encore partie ! (encore loin de la sainteté, Marie !)

    A lire les réponses des uns et des autres, je dois dire que je partage beaucoup l’avis de Jacques :

    "il ne peut y avoir de pardon sans réconciliation"
    (encore faut-il que cette réconciliation soit sincère et sans ambiguité, ce qui est souvent loin d’être le cas ... une fois la confiance ébranlée, difficile d’aller la retrouver sans aucune cicatrice !)

    "Le pardon ne se décrète pas, il se gagne"
    Et là je suis parfaitement d’accord ! Et pour se gagner, il doit être authentique donc avec l’intention et la prise de conscience de ne pas réitérer ses erreurs et le mal qu’elles ont engendré ...

    Dans le cas contraire, je rejoins, Claudie : "Basta", je passe à autre chose .... et ce n’est pas une faiblesse, mais une authenticité !

  • Je rejoins assez l’opinion de Clo en fait je partage tout à fait son analyse, il y a une différence entre un acte irréfléchi et un acte prémédité et là j’avoue que j’ai beaucoup de mal. En plus comment être sur que la personne qui va demander pardon est bien sincère ? je pense personnellement que quelqu’un qui t’a trahi volontairement est susceptible de recommencer à un moment ou a un autre. Et pour moi quand la confiance est perdue, il m’est difficile de la rattraper. Mais j’admire les personnes qui sont capables de faire abstraction de cela et d’accorder leur pardon quelles que soient les circonstances, je ne suis pas de ceux là

  • Pour moi , il y a pardon pour des choses anodines quelques petites bêtises pas trop grâve et là je pardonne bien volontiers mais , j’ai eu récemment un couteau planté dans le dos par une soi disant "amie" et là aucun pardon. Je n’irais pas lui chercher des noises mais la laisserai dans sa petitesse et sa bêtise. Je ne tends pas la joue droite lorsqu’on frappe la gauche ( rires) je n’ai pas cette grandeur d’âme. Non pas de pardon pour la méchanceté gratuite.
    Je pense que jene suis pas la seule dans cet étât d’esprit. Rassurez vous ce n’est pas sur la plume que j’ai rencontré la méchante ( rires) . Bises à tous les plumés

  • A titre de réaction, un petit témoignage du plus grand des pardons de l’histoire.

    « Seigneur, pardonnez leurs, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »

    « Ouah, l’autre. Traite-nous de cons aussi. Attends, tu crois encore que c’est un accident, que t’as dérapé sur du gravier ? Non gamin, les clous, les pierres et les coups de lances, tout ça c’était prémédité. Tiens, même le petit coup de courgette pas mûre dans le cul, que même les plus apocrites des évangiles en parleront pas, c’était un petit peu improvisé, j’en conviens, mais c’était tout à fait volontaire. Tu peux me croire, t’as pas glissé dessus, c’est moi qui te l’ai enfoncée. Je compte sur ta discrétion, hein, faudra pas le répéter. »

    « Heu.... Seigneur, pardonnez leurs, car ils ne savent pas distinguer le bien du mal. C’est en ça, qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. »

    « Mais ma gentille luzerne, bien sûr qu’on sait que ce qu’on t’a fait c’est caca. Bien sûr qu’on sait ce qui est bien et ce qui est mal. Et je vais même te faire un aveux : on s’en fout, on s’en badigeonne les coquillettes avec un crucifix de deux tonnes, on s’en tamponne littéralement, latéralement, voire littoralement. Je te dis : on s’en fout du bien du mal.
    Notre seule préoccupation, c’était que tu foutes le camp de nos temples. Tu peux comprendre ça, toi qu’es du métier. Il y a de gros enjeux économiques et fallait pas venir nous faire chier en période de soldes. On t’avait prévenu, pourtant. »

    Heu... alors, Seigneur, pardonnez leurs, car ils n’ont pas compris en quoi faire le mal, détruit le cœur de l’homme, et qu’il le voue aux enfers. C’est en ça qu’ils ne comprennent pas ce qu’ils font. »

    « Mais je te le répète : bien sûr qu’on sait ce qu’on fait. T’es dur de la feuille mon Pépère.
    Y a quand même un truc que t’as pas franchement imprimé. Le paradis, mis à part fiscal, on s’en branle. Combien t’as de chance que ça existe vraiment ? 50 %, une chance sur deux ?
    Tu t’imagines qu’on va spéculer sur un truc qu’a une chance sur deux d’arriver ?
    Non, mon pote, la crucifixion, ça c’est du lourd, du cent pour cent. Après ton départ, les affaires vont reprendre de plus belles, et en plus, on vendra même des tee-shirts avec ta sainte sueur dessus.
    Tu vas voir, notre business, dans vingt siècles, ça marchera encore. Nos héritiers seront ventrus comme des papes, et forniqueront de la nonne à couilles rabattues.
    On le sait que c’est pas joli, joli, mais faut bien qu’on mange, c’est la vie.
    Allez, sans rancune vieux ! »

    « Heu, Seigneur, pardonnez moi, mais c’est possible deux trois petits éclairs sur leurs temples de merde ? »

  • Difficile d’ajouter à ce qui a été dit ... Le pardon doit d’abord être demandé ... La sincérité du "repentir" doit être admise ...
    Cela suppose soit que le mal fait était involontaire, soit qu’il a été fait dans un état "anormal", ou encore qu’avec le temps, la personne ait changé, ce qui est peu probable ...

    Ensuite, accorder ou non le pardon ... cela suppose sans aucun doute une certaine force morale ... Et dans certains cas, nous n’y arrivons pas. Nous ne sommes que des hommes, pardon ! :)

    Mais je crois qu’il faut laisser sa chance au pardon, justement parce que nous-mêmes, nous pouvons être en position de demander pardon. ca n’arive pas qu’aux autres ...

    Amitiés à tous

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