Il était une fois dans un pays en guerre un petit garçon qui n’avait pas encore trois ans quand on intima à sa famille l’ordre de quitter la maison où son très jeune frère et lui-même étaient nés… Ils habitaient Brest, un port militaire important pour l’occupant nazi qui s’apprêtait à défendre la place suite au débarquement des Alliés en Normandie… Nous étions au début de l’été 44 et chaque jour des vagues de bombardiers, anglais et américains, déversaient leurs chapelets de bombes sur les sites stratégiques que représentaient l’Arsenal et la base sous-marine où les U boot ainsi que les équipages de la Kriegsmarine se refaisaient une santé entre deux missions meurtrières dans les eaux de l’Atlantique…
A cette époque on ne parlait pas de frappes chirurgicales et de plus comme les bombardiers faisaient en sorte de se tenir hors de portée de la Défense Contre Avions, une grande partie de la ville fut rapidement transformée en un amas de ruines fumantes…
La vie étant devenue impossible pour la population civile terrée dans des abris de fortune et privée de tout, l’évacuation fut ordonnée par les autorités françaises qui tentaient tant bien que mal de gérer une situation qui s’aggravait de jour en jour.
C’est ainsi que le petit garçon et son frère encore bébé, tous deux accompagnés de leur maman, prirent, escortés par la Wehrmacht, un autocar qui les déposa au bourg de Ploudalmézeau tandis que leur papa et leur Mamy après avoir entassé ce qu’ils pouvaient emporter dans deux brouettes prenaient la route pour les rejoindre dans une ferme connue de la famille et située route de Lannilis à Lampaul-Ploudalmézeau…
Oui, mais après, qu’est-il arrivé à toute la famille ?
Eux s’en sont plutôt bien tirés par rapport à beaucoup d’autres. Mangeant à leur faim et à l’abri des bombes, ils ont vécu quelques mois à la ferme, jusqu’à la libération du pays… puis ils sont retournés à Brest vivre dans un logement de carton, une baraque provisoire dite américaine car leur maison avait été détruite par une bombe et ils avaient tout perdu…
Mais qui étaient ces gens ? Tu les connaissais, tu les as revus ?
Oui et toi aussi tu en connais certains car je suis le petit garçon qui avait trois ans à cette époque, le bébé c’est ton oncle André et la maman qui accompagnait ces enfants c’était donc la nôtre, l’arrière grand-mère que tu n’as pas connue…
Ah ben ça alors ! Je comprends mieux que tu sois triste en regardant les informations …
Surtout en colère de voir que certains dirigeants n’ont tiré aucune leçon du passé et, tu as raison, un peu triste aussi de constater la tiédeur d’une partie de mes contemporains qui préfèrent regarder ailleurs comme si ça ne les concernait pas !
Fasse le ciel qu’ils ne le regrettent pas un jour prochain...
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Le vieil homme et l’enfant
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Dis, mon oncle, raconte-moi la guerre… Pourquoi à la télé on voit les gens quitter leurs maisons, leurs villes et même leur pays ? Qu’est-ce qu’ils ont fait pour être ainsi chassés ?
Ils n’ont rien fait de mal... Tu es encore un peu jeune pour comprendre tout cela mais je vais te conter une histoire… une histoire vraie ! Écoute bien ce qui suit…