" Entendons nous bien, Pompidou ! La réforme oui, la chienlit non ! "
Mon général, mon général ! Vous rêvez mon général, il m’a semblé que vous parliez en dormant !
Pardon ? Qui êtes-vous donc pour me réveiller à pareille heure ?
D’Ormesson mon Général, votre voisin d’étagère...
Ah diable, d’Ormesson, oui, je m’en souviens...
Quant à parler la nuit, ce n’est pas nouveau... Ma chère Yvonne vous le confirmerait.
Combien de fois m’a-t-elle répété... Charles, il serait peut-être bon de consulter car vous soliloquez de plus en plus souvent durant votre sommeil.
Au fait, il me semble qu’il y a quelque chose de changer dans l’ordonnancement de ces foutus bouquins. En tout cas vous ne me pesez plus sur la tête !
C’est exact mon Général ! Par je ne sais quel artifice notre logeur vous a transféré chez moi... Enfin je veux dire là où s’entassent les volumes dont je suis soit l’auteur soit le sujet !
Peut-être nous a-t-il entendu discuter l’autre nuit... Quoi qu’il en soit vous êtes ici chez vous !
Faites comme bon vous semblera...
Comme bon me semble, comme bon me semble !
Hormis nos éventuelles conversations nocturnes, à part tendre l’oreille aux dernières nouvelles diffusées par la TSF, le choix, convenez-en, est des plus restreint !
De plus, quand j’entends ce qui se dit dans le poste, ce qui se fait mais aussi ce qui ne se fait pas, j’enrage d’Ormesson, j’enrage !
Non seulement contents d’être des veaux, affirmation dont j’assume la paternité, les Français sont devenus soit des trublions, soit des moutons, les seconds se laissant mener au naufrage par les premiers !
Ah les songe-creux, les bougres de cons, passez-moi l’expression, mais qu’ont-ils fait de la France ?
J’avoue, mon général, qu’ayant quitté le plancher des vaches voilà bientôt deux ans, je suis un peu déconnecté des évènements hexagonaux.
Pour ne rien vous cacher j’ai suivi les conseils de ceux qui me disaient Repose en Paix... Ensuite, à travers les ouvrages qui m’ont été dédiés depuis mon départ, je me suis fait une idée sur ce que l’on pensait de ma personne et de mon œuvre... Entre nous j’ai beaucoup de chance d’être tombé chez l’un de mes aficionados qui acquiert tout ce qui touche à mon nom. Je vais vous faire une confidence... Je crois que c’est l’auteur du poème intitulé Ode à Jean d’O, poème qui me fut adressé voilà déjà quelques années...
Bref ! J’avoue être plutôt satisfait tant de la vie qui fut la mienne que par les marques d’estime qui me sont prodiguées post-mortem ! Et oui, que voulez-vous, sans avoir un ego surdimensionné, sous des airs de ne pas m’en soucier j’ai toujours été très sensible au qu’en dira-t-on !
Et vous-même mon Général, où en êtes vous du passé ?
Ecoutez Monsieur le Comte, on m’a parfois attribué des qualités et plus souvent des défauts qui n’étaient pas toujours les miens mais s’il en est un que je réfute définitivement c’est le commérage !
Aussi, permettez-moi pour l’instant de me retirer entre les pages de mes Mémoires d’Espoir...
Nous reprendrons cette conversation au détour d’une insomnie commune...
Repos, d’Ormesson ! Vous pouvez disposer...
Merci mon Général... et bonne nuit
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Improbables rencontres... Chapitre 2