Le bois vénérable est tabou,
C’est le pays des imbwiris,*
Secret jardin de féerie,
Aux environs de Makokou.
De la voûte d’un jade obscur,
S’égoutte une humide clarté,
Baignant de lumière bleutée,
La cathédrale de verdure.
Etouffé par l’épais feuillage,
Un cri de douleur retentit,
En échos vite assourdis
Dans la touffeur du marécage.
Un jeune singe borobo,
Vient d’attiser la colère,
D’un de ces pythons solitaires,
Qui tourmente le marigot.
Dans un terrible feulement.
Une panthère en maraude,
Clame à l’univers émeraude,
Son féroce tempérament.
Au travers de vertes fougères
Aux frondaisons démesurées,
Des senteurs fortes et sucrées,
Imprègnent soudain l’atmosphère.
Une obscurité sépulcrale
Sélève de l’humus spongieux,
Où un éléphant silencieux
Traine son ombre colossale.
La nuit recouvre la forêt
D’un manteau de sombre velours,
Qu’étoilent jusqu’au petit jour,
Les lucioles aux queues dorées.
1Imbwiris = génies de la forêt équatoriale