Le mil en vagues blondes
Empoigne la savane. Dans le ciel qui gronde
Un vautour s’est perdu.
Sanguinolent soleil
Je n’ai plus de mémoire, appelle l’éléphant
J’ai perdu mon enfant.
Le mil en vagues rouges
A été piétiné de triomphes qui bougent
Au vent blanc desséché.
Lune, facile et ronde
As-tu vu ma mémoire, toi qui est féconde
Et me laisse éperdu ?
Le mil en vagues lasses
Emiette ses pensées que l’harmattan tracasse
D’encres défendues.
Ciel en sombre mineur
Appelle les grands fauves, appelle la couleur
Sur le sol étendues.
Le mil en vagues brunes
Hurle à froisser la lune
Et arrivent sans bruit les géants peau bridée
Bêtes chenues et grises
Dites-moi où se trouve ma mémoire prise
Ou trouver mon petit ?
Le mil en vagues sourdes
Oppresse la savane, la nuit sera lourde
Aux leçons des géants.
L’enfant tu as perdu
Toi, grotesque bouffon pour avoir trop voulu,
Sans jamais partager...
Le mil en vagues tristes
Baisse ses épis d’or. Si ton fétu résiste
Homme tu seras mort.
L’enfant te renaîtra
Si de chaîne d’argent tu caresses sa mère
Et partage la Terre
Le mil en vagues rêve,
S’apaise tout à coup quand le plus vieux se lève
Et tend un beau bijou.
Prends et fais bon usage,
Caresse ses cheveux à en faire des nuages
Et l’enfant reviendra.
Le mil en vagues danse
Pendant que la cohorte à la sphérique panse
S’éloigne à l’horizon.
Depuis aux nouveaux-nés
On offre ce collier qui dit l’attachement
Aux brûlis de la tourbe, aux aubes calcinées.
Le mil en vagues blondes
Empoigne la savane. Dans le ciel qui gronde
Un vautour s’est pendu.