Une abeille passait de corolle en corolle,
Butinant sans arrêt depuis l’aube du jour.
Chargée de son pollen, elle allait d’un vol lourd
Regagner son logis, déposer son obole.
Une guêpe s’en vint, vaine de gloriole,
Parader, corsetée de ses plus beaux atours.
Brocardant la pauvrette et lui tournant autour,
Elle lui bourdonna quelques vives paroles.
"A quoi sert, lui dit-elle, un labeur infini
Comme le tien, ma mie ? Travailler ! Que nenni !
Je suis guerrière, moi ! Je pique sans relâche !"
"Je veille sur mon gain, je soigne ma maison,
Répondit notre avette, et je bénis ma tâche !
Moi, je défends mon bien. Tu piques sans raison !"