Je sais que personne ne me croit.
Pourtant, c’est vrai.
Dans mon placard, il y a un autre placard et encore un autre et puis.....
J’ai essayé de le leur faire visiter,
Mais ils ont refusé de se pencher si bas
Pour atteindre la troisième porte. Celle qui ne s’ouvre que la nuit...
Mon placard est vivant alors qu’on pourrait s’attendre à tout de la part d’un placard, sauf cette irradiante activité nocturne.
En y rentrant la première fois j’y ai fait connaissance d’une robe de linon doux et blanc suspendue et frémissante. Quand j’ai posé mes mains sur elle, elle s’est enturbannée autour de mes doigts, comme pour m’avertir :
“ Ne reviens pas ici !!”
Mais la curiosité me reconduit chaque nuit à apprivoiser la robe.
Une nuit, elle s’écarte, me laissant entrevoir une autre porte d’où s’échappe un rai lunaire. La lumière de ce lieu sans limites apparentes, dont je pressens qu’il est un sas vers autre chose, est assez vive pour me laisser entrevoir, à mes pieds, une petite trouée d’où s’échappe une lueur incandescente .
Mon bras s’y immisce,
Derrière lui je m’étire, aspirée ...
Je suis dans la matrice.
La lumière est d’eau froide, viscosité
Eblouissante que pétrissent mes doigts
Sans rencontrer de bornes à leur curiosité.
Depuis, chaque nuit, j’y retourne.
Qui pourrait me dire ce qui se cache
Au-delà de cette pulpe de fluor liquide ?
Personne ne veut me croire, mais dans mon placard, il y a de la lumière qui palpite comme le monde à sa naissance.