Un chaud soleil sur le circuit, des lustres qui illuminent la salle, les monoplaces s’alignent dans les stands colorés, les partitions s’ouvrent devant les musiciens.
Le vrombissement des moteurs atmosphériques à quatre temps met nos tympans à rude épreuve, le réglage des dissonances agace notre ouïe.
Lorsqu’enfin les mécaniciens ont accordé les moteurs, lorsqu’enfin le métronome fait régner l’harmonie, les bolides aérodynamiques se placent sur la ligne de départ, les regards des artistes sur la clef de sol.
Le drapeau vert est brandi, l’archet du chef d’orchestre est levé.
Les bolides s’élancent sur la piste, les instruments entament une symphonie.
Accélération, allegro. Enchainement des vitesses, les cylindrées rugissent, combinaison de croches, double croches, trilles, les notes s’envolent.
Ralentissement avant le virage, andante avant la demi-pause. Transmission, vitesses, ré accélération, blanche, noire, noire, triple croche, c’est reparti.
Les pilotes transpirent concentrés sur le ruban qui se déroule sans fin, les spectateurs palpitent enroulés par le tempo.
Mes yeux vont et viennent entre les deux écrans, mes oreilles captent tantôt les sons de l’électronique, tantôt la fluidité des hautbois. L’enjeu de la compétition échauffe mon sens de la conquête, le crescendo final de la partition coule comme un torrent de lave dans mes veines. Je me laisse emporter loin, très loin vers un autre univers. Les notes s’échappent de la portée, viennent se poser doucement sur mon corps, le conducteur sort de son véhicule approche, d’une légère caresse fait s’envoler les importunes.
Drapeau à damier, fin des essais, dièse, altération.